***** Chant De Printemps *****
Bientôt viendra la fin du long hiver glacial
Et mon âme endormie s’élève pour combattre
Le sang fondant repart de mes artères cordiales
Et mon mince cœur meurtri recommence à battre
Je décloue, mensonge après mensonge, mon cercueil
Patience, les amandiers ont déjà fleuri
Bientôt la terre chérie ne sera plus en deuil
On mettra fin à la peine et la barbarie
J’entrevois, entre les fissures du bois, une ombre floue
Deux étoiles fluorescentes, c’est les yeux du loup
Il me semble, que le plus difficile, est le dernier clou
S’il faut ressortir à la vie, comment et d’où ?
Le loup m’attend, affamé, et en son décours
Ai-je peur du loup ou plutôt de la meute ?
Et je sais que je suis son seule thérapeute
Elle, qui est la victime de l’éternel retour
L’automne, l’hiver, au printemps, on a rapporté
Des âmes sortant criaient au secours, chacune à son tour
Elles attendaient, toutes, depuis toujours, le même jour
Leur question a été la même : Est-ce qu’elles étaient ?
J’entends, lassée, les pas des mêmes passants pressés
Indifférence, orgueil, carriérisme, sont hissés
Leurs rengaines de mortels, en repli, comme leurs sciences
M’assourdissent ! Alors, silence pour que je pense
Je creuse la boue vile sur ma tombe avec mes griffes
Affres ! Sérotonine ! Pourquoi en a-t-on induit ?
La première réponse sera pour Descartes, ce suif
Je souffre, donc je suis. Et je sens, donc je suis
Je rampe, hors ma tombe, à travers le cimetière
C’est le cimetière du loup et celui-ci
N’a jamais laissé personne retourner en vie
Mes yeux se rouvrent pour contempler la terre
C’est l’enfer mais j’hésite entre rester ou aller
Je dois, encore, soigner mes blessures et plaies
Un papillon prie que le soleil l’estampille
Mais décide de demeurer une chenille
Le Lilas, l’Iris, les Tulipes, le Narcisse
Beauté éphémère d’une matière qui se recycle
L’obsolescence programmée de Dieu se bâcle
Et l’âme perdue n’en retient que l’immondice
Je regroupe mes morceaux : poésie du réveil
Et les preuves que la vie est hors la matière
Pour sortir les âmes endormies de leur sommeil
Et pouvoir finalement repartir vers hier
Hier, c’est déjà loin dans le temps terrestre
Et ce jourd’hui, ne me souviens plus de ma vie
Je regrette cette mémoire supraterrestre
Qui avait disparu un jour sans préavis
Je décloue, mensonge après mensonge, mon cercueil
J’ôte sciemment tous ces artifices et trompe-l’œil
Comme preuves, il ne me manque qu’un seul maillon
Enfin, être ou ne pas être, n’est plus la question