Premier chapitre de L’ENFANT D’AUSCHWITZ ET LA BARQUE NÉGRIÈRE

Premier chapitre de L’ENFANT D’AUSCHWITZ ET LA BARQUE NÉGRIÈRE

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Vous pouvez lire, ci-dessous dans la rubrique description, le premier chapitre du roman L’ENFANT D’AUSCHWITZ ET LA BARQUE NÉGRIÈRE (Le décryptage de l’existence).

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Description

L’ENFANT
D’AUSCHWITZ ET LA BARQUE NÉGRIÈRE
(Le décryptage de l’existence)

Roman philosophique

 

I

« Pourquoi ces choses mouvantes font-elles du bruit pour communiquer ? Elles sont belles, mais stupides ; espèce décorative, suicidaire et en cours de disparition. Pourquoi suis-je descendue dans un genre condamné à être éliminé ? Mais que puis-je faire, moi, dans une telle espèce ? On les a bien programmées pour faire ce pour quoi elles ont été conçues. Qu’est-ce qu’ils veulent que je fasse ? De toute façon, quelle est la durée de vie de cette catégorie de créatures ? » Je fis un calcul en faisant défiler les schémas génétiques sur l’écran de gauche et je me dis : « trois secondes cosmiques. Qu’est-ce qu’elles peuvent me faire en trois secondes cosmiques ? J’ai déjà vécu des milliards d’années. Elles ne peuvent rien me faire, elles ne me voient pas, je suis bien cachée à l’intérieur. »

Est-ce comme ça que commence la vie d’un être humain ? Parce que c’est comme cela, que débuta la mienne. Ce jour-là, je suis née, peut-être, ou peut-être j’avais juste quelques jours, un ou deux mois, ou plus, ça n’a pas d’importance. De toute façon, j’ai toujours considéré ce souvenir comme étant celui de ma naissance, à vrai dire celui de ma descente sur terre, dans la matière et plus précisément dans la substance humaine. Je n’ai plus un seul souvenir là où j’étais plus jeune et mes réactions me confirment que je venais de découvrir cette espèce. Quelqu’un me portait dans ses bras, peut-être ma mère, et sa sœur me parlait. J’étais encore libre, je savais qui j’étais et pourquoi j’étais entrée dans ce monde. En tout cas, il me semble que je savais pourquoi ce cosmos existe, ce que j’ignore aujourd’hui. Je n’avais aucune crainte de la vie dans la matière, les humains seuls furent ma terreur à la naissance.

 

Rien n’a changé depuis que j’ai ouvert mes yeux et regardé la sage-femme. Sont indemnes la honte et ce sentiment d’appartenance à une foule de fous qui se croient supérieurs aux autres créatures peuplant cette planète alors que c’est plutôt l’inverse qui est vrai. J’ai été frappée d’ignominie, à mon arrivée, d’être descendue dans cette espèce et, plus je connais cette dernière et plus j’analyse l’existence, mieux je comprends ce déshonneur.

Certains de mes souvenirs, comme celui de la découverte de ma vie humaine, sont si vivaces et tellement enracinés que j’ai l’impression qu’ils viennent de se produire, il y a quelques secondes terrestres. Mais, curieusement, la plupart d’eux se sont déroulés quand j’étais encore toute petite. Ce sont ces mêmes souvenirs qui défilèrent devant mes yeux hier lors de mon agression, tous, y compris celui de ma naissance, sauf que, cette fois-ci, je me suis rendu compte d’un problème. Je ne suis plus à l’intérieur de ma machine comme j’étais au début. Je suis à l’extérieur maintenant, comme si depuis longtemps, j’étais fusionnée avec cette machine et confondue avec elle. Je ne suis plus bien cachée.

Mon parcours ressemble à tout sauf à celui d’un être humain. Je n’ai jamais connu la tranquillité. J’ai vécu une série d’horreurs et de souffrances et de maladies. Pourtant, je n’écris pas ce récit autobiographique pour me plaindre de la vie, mais pour comprendre son sens, à travers ma mémoire restante. Mes souvenirs d’enfance, surtout ceux où j’existais à part entière indépendamment de ma machine ou de mon corps, capable de me déplacer sur le système neuronal ou de quitter ce dernier, m’ont toujours été perturbants. D’un côté, ce que je faisais et ce que je disais ont dépassé, à partir d’un certain âge, les facultés d’entendement de ma conscience. D’un autre côté, chaque fois que j’en parlais, on me traitait comme si j’étais sotte ou l’on me déconseillait d’en discuter avec d’autres personnes pour ne pas être prise pour une déséquilibrée. Aujourd’hui, je pense que ce monde m’amène tout droit vers la folie ou vers l’intégration dans celle de cette espèce, et ces souvenirs, de toute façon, ne m’appartiennent pas. Ces enregistrements comme tous ceux qui se trouvent dans la mémoire collective sont la propriété de tous les vivants et surtout du système qui gère cet univers. Si la force créatrice du cosmos, appelée Dieu par les humains, voulait me prohiber de vous révéler ce que je sais ou m’empêcher de vous rapprocher de la vérité, elle m’aurait interdit de reprogrammer la barrière de la conscience et de l’inconscient à ma naissance.

Ces souvenirs perplexes et longtemps ignorés que je reprends dans ce récit, peuvent paraître invraisemblables et m’apporter des ennuis, car avant l’âge de trois ans, j’étais apte à chercher les informations dans des bases de connaissance locales, de scruter mes deux autres écrans cérébraux, d’activer ou de désactiver des fonctionnalités mentales, et surtout, j’étais capable de quitter ma machine pendant la journée pour accéder à la mémoire collective de l’espèce ou plus précisément pour parvenir à la séparation entre la conscience et l’inconscient afin de stocker des données protégées.

Pour longtemps, je me posais des questions, comme : “ pourquoi traitais-je des pensées ridicules dans ma tête lorsque j’étais petite ? » Le monde exogène à mon cerveau, le réel imaginaire plébiscité par la société humaine, recréé par l’éducation inculquée par ma famille et mon entourage, avait construit un mur entre lui et mes souvenirs d’enfance. Ce mur que je suis prête à abattre aujourd’hui, pour me sauver de cette machine et de cet univers détient derrière lui la seule chose qui compte : moi-même ; une forme de vie qui veut retourner chez elle, dans son monde à elle, hors du cosmos.

Ces souvenirs stockés contre nature, à la barrière de la conscience et de l’inconscient, me donnent l’impression que ma présence sur terre est directement liée à eux. C’est pour cette raison que j’ai pris la décision d’écrire tout dans une autobiographie : mon arrivée, mon opinion de nouveau-née, ma réminiscence d’enfant, et mon vécu. Ce ne sont absolument pas les évènements de ma vie qui sont intéressants, mais bien ma pensée inconsciente, ou plutôt celle de mon inconscient, pendant que, pour une finalité qui échappe à mon actuelle compréhension du monde, je me déplaçais dans les profondeurs du système neuronal de ma machine. Et malgré le fait que j’aie bien changé, et que je ne sois plus la même personne que j’étais avant, cette métamorphose me fait saisir le malaise existentiel de l’humanité.

 

Ayant permuté de langue de pensée à plusieurs reprises, et n’ayant pas de langue maternelle, je ne suis pas certaine d’avoir la maîtrise d’une expression écrite ni la débrouillardise, nécessaires, voire indispensables, pour rédiger un livre, mais je ne peux pas accepter de passer dans ce monde et subir toutes les souffrances que j’ai endurées et partir sans dévoiler ce que je sais de la vie. Et je ne veux pas prendre le risque de tergiverser sur cette tâche, de peur d’oublier mes souvenirs de naissance ou de mourir sans avoir saisi ces souvenirs et mis au jour quelque chose de l’ordre d’une vérité qui transcende l’Homme et le séjour terrestre et qui doit être offerte à notre espèce. Je ne prétends pas, bien évidemment, être le truchement d’une volonté cosmique ou acosmique quelconque ni un messager de l’absolu ou de la vraie vie vers cette prison. Je n’ai pas la vérité dans ma conscience. Je la détiens, comme tout le monde, dans mon inconscient. Ce que je possède en plus est ce que j’ai laissé à la barrière entre les deux. Or, comme la vérité ne peut qu’être absolue, intemporelle, immuable et inconvertible, elle ne peut pas donc, être donnée à l’Homme, à travers le langage, car la parole est, par définition, relative, temporelle, mouvante, et convertible. Il n’y a pas de justesse qui s’altère en fonction des circonstances. D’où ma crainte que mes écritures soient mal comprises par l’humanité et par conséquent, stigmatisées, instrumentalisées, ou simplement rejetées. L’évolution de ce que je pensais de moi-même, à chaque âge, me prouve que tout individu est incapable d’éviter l’interprétation. Son analyse de l’univers et de l’existence, voire de soi-même, varie continuellement tout au long de son développement personnel et du changement des souvenirs dans sa conscience, liés à l’oubli, à son propre vécu et à son apprentissage.
C’est mon incapacité actuelle de consulter la mémoire collective de l’espèce qui est à l’origine de ce livre. Toutes les images mentales, qui étaient générées en continu dans ma tête, ont soudain disparu. Lorsque je suis devenue dans une obscurité totale, ne voyant que ce qu’il y a hors de mon corps, ce qui est supposé être projeté sur l’écran du milieu dans mon cerveau, c’est-à-dire à travers mes yeux, je me suis rendu compte d’un côté de ce que j’ai perdu, d’un autre côté, qu’il était urgent de noter ces souvenirs de peur qu’ils disparaissent.

Mon problème d’accès à la mémoire collective naquit de l’incident qui m’est survenu hier. En rentrant chez moi, je tombai sur quatre individus qui agressaient une vieille dame pour la voler. La femme refusait de céder son sac. J’intervins pour l’aider et je me trouvai prise à partie. Des coups affluaient sur nous deux. J’essayais de les prendre à sa place pour la protéger. Soudain, elle me dit : « Sarah EL NASSI, aidez-nous. Quand allez-vous dévoiler à l’humanité tout ce que vous savez ? » Puis sous l’effet des chocs que je recevais sur ma tête, je perdis conscience. Lorsque je me réveillai à l’hôpital, je fus informée du décès de la vieille dame par la police venue m’interroger. J’ai pu découvrir aussi que son sac ne contenait que ses médicaments et quelques euros.

Cette femme m’avait appelée par mon nom et mon prénom, comme si elle me connaissait. Pourtant, je suis certaine de ne l’avoir jamais vue auparavant. En plus, ses propos sont bizarres, que sais-je de tellement important à raconter à l’humanité ? Moi qui fus rejetée par cette espèce toute ma vie et qui dois faire en permanence des efforts pour être admise parmi les autres.

Cette agression ne m’a pas laissé de douleur physique particulière. Mon corps est juste lourd et mon esprit est confus, mais je constate des dégâts immédiats alarmants au niveau de ma perception du monde, celle-ci a changé. J’aperçois les choses différemment, sous de nouveaux angles, je vois mes mains et tout ce qui m’entoure comme si j’étais placée au milieu de ce monde. Mes écrans cérébraux ont complètement disparu. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. C’est comme si j’avais été éjectée de la cabine de conduite de ma machine, et que celle-ci est passée en pilotage automatique, ou que, pire encore, elle est déjà en pilotage automatique depuis longtemps, mais je ne m’en suis pas aperçue avant. Mes souvenirs défilèrent devant mes yeux à un certain moment pendant l’agression. Et mon existence n’était pas comme ça auparavant, elle n’avait pas commencé comme ça. Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? Et quand ? Comment la vie m’a-t-elle arraché, jour après jour, ce que j’étais ? Et aujourd’hui, cette agression, ces coups sur ma tête, viennent de m’ôter, encore, un peu de ce qui restait de moi.

Au début, j’avais trois écrans allumés dans mon cerveau. À gauche, c’est l’écran sur lequel défilent les schémas génétiques, chaque fois que je pose une question liée au passé ou au présent. Au milieu, il y a celui qui permet de percevoir ce qui entoure ma machine, à travers mes yeux. Et puis, il y a le troisième à ma droite, que je regardais rarement, et qui est celui du futur.

Maintenant, je vois mes mains, mes bras, et le monde autour de moi comme si j’avais changé de position. Où suis-je ? Suis-je collée à l’écran du milieu incapable de me déplacer ? Quel est ce monde dans lequel je suis, d’où suis-je venue et pourquoi suis-je toujours là, alors que j’attends depuis mon arrivée de mourir pour retourner chez moi ? Le poids du temps terrestre fut lourd sur mes épaules. Tout ce que je désirais, pendant les quarante-trois ans écoulés, était de retourner chez moi. Je suis terrorisée à présent. J’ai l’impression d’être en train de périr à l’intérieur. Depuis que je ne parviens plus à tourner pour regarder les schémas sur mon écran de gauche, je ne sens plus que j’existe, je suis perdue.

Le médecin que je vis par la suite me parla d’un simple stress post-traumatique qui disparaîtrait graduellement. Pourtant, je ne suis pas rassurée. Quand je lui dis que je me trouve dans l’obscurité comme si quelqu’un avait éteint la lumière dans ma tête et, que je ne visualise plus rien dans mon cerveau, aucune image, que je ne perçois que le monde extérieur, il eut un léger hochement des épaules, puis il répéta : « Stress post-traumatique, ça va disparaître. » Il avait, dans ses yeux, ce même regard qu’ont les humains lorsque je leur parle de ce qu’il y a dans mon cerveau, ou quand je leur réponds avec une réplique ne résultant d’aucun système analytique connu, mais des conséquences d’une longue réflexion ou d’un traitement compliqué de données inaccessibles à la conscience humaine. Le problème est que mes explications provenaient de mon écran de gauche, ou étaient récupérées souvent sur cet écran, lorsque ma voix endogène était absente. Mais aujourd’hui, tout s’éteignit, mon écran ou ce qu’il restait de lui ainsi que ma voix interne. Je n’arrive plus à fixer aucun souvenir dans ma tête ni à obtenir aucune réponse à mes questions. Je me suis tellement énervée pendant l’agression que je me suis retrouvée comme séparée de moi-même.

Je lui demandai :
« Et combien de temps prendra-t-il avant que ça disparaisse, Docteur ?
— Je ne peux pas le savoir, Madame. Ça peut disparaître dans quelques minutes, et ça peut rester des semaines, ou des mois.
— En temps terrestre ? lui dis-je désespérément et ironiquement.
— Non, en temps cosmique, dit-il en souriant.
— Quelqu’un d’autre a-t-il déjà parlé du temps cosmique ?
— Oui, bien sûr, dit-il, en observant mon choc émotionnel et mes yeux qui se déplaçaient rapidement dans leur orbite.
— Qui ? dis-je, avec l’étonnement toujours dessiné sur mon visage.
— Albert Einstein. »

Einstein en parla ! Donc ce que je dis à ma naissance est vrai. Dans tous mes souvenirs d’enfance, tout est mesuré en temps cosmique. Ces souvenirs ne proviennent pas alors de mon imagination d’enfant.
Le médecin m’accompagna à la porte, puis me dit en me serrant la main : « Ne vous focalisez pas dessus, c’est mieux. Prenez le médicament que je vous ai prescrit et reposez-vous, puis revenez me voir s’il n’y a pas d’amélioration d’ici un mois. Au revoir, Madame EL NASSI. »

Cet état est peut-être temporaire, mais ma perception du monde comme mes capacités cérébrales ont changé, tout au long de mon existence, sans jamais s’améliorer et mes souvenirs le confirment. Depuis longtemps, je ne suis plus cette forme de vie terrorisée des êtres humains qui l’entourent, comme j’étais à ma naissance, qui se plaignait d’être descendue dans cette espèce sur terre. À force de faire des efforts pour être acceptée par ces humains, je suis devenue presque comme eux. Mais hier, tout a basculé. Je n’ai plus aucun recul par rapport à la vie. Je ne sais plus ce qui se passe. La seule chose qui demeure, c’est celle qui est toujours restée, la terreur. Depuis longtemps, je ne me cache plus dans mon cerveau, je ne me déplace plus délibérément sur le système neuronal. Dans ma conscience, je faisais confiance à la voix de mon inconscient et aux réponses que je voyais sur l’écran de gauche, ou sur ce qui en restait, comme le résultat de la requête que je percevais à la fin.

Lorsque je ferme mes yeux à présent, c’est la totale obscurité. Avant, il y avait toujours de la lumière, des schémas qui traversaient mes écrans provenant de ma mémoire ou plutôt de celle collective de toutes les espèces. Tout m’apparaît comme si l’on m’avait arraché la conduite de cette machine et comme si j’étais complètement perdue, quelque part, sur le système neuronal ou captive d’un instant terrestre conscient faisant partie d’un même instant terrestre complémentaire, mais infini et inaccessible. Je suis prisonnière aujourd’hui de ce corps, accrochée à mes souvenirs stockés à la barrière de la conscience et de l’inconscient comme un naufragé au large de l’océan qui, suspendu à l’unique objet lui restant du sol ferme, ne reconnaît que cet objet comme précieux. Seuls ces souvenirs subsistant à cette barrière font foi, et seules les choses que je mentionne dans ces souvenirs sont considérables, vraies et réelles puisque leur analyse révèle que le monde dans lequel se trouve notre planète est irréel, c’est-à-dire le cosmos ou l’univers observable et détectable par les sens de ces machines, est rendu illusoire, éphémère et virtuel.
À la suite de l’agression, la souffrance a débordé, et je ne peux plus continuer à vivre comme je le faisais avant. Je ne peux plus persister à me mentir afin d’être acceptée et d’éviter le conflit, car finalement, je suis devenue complètement enfermée dans cet être humain, sans accès à rien. Que faire maintenant ? Comment vais-je faire pour apprendre à vivre ? Qui m’aidera à faire mes choix ? Qui me dira à qui je peux faire confiance ? En plus si Albert Einstein parla aussi du temps cosmique, il faut que j’analyse tous mes souvenirs d’enfance pour savoir pourquoi je suis dans ce monde. Il faut surtout que je retrouve mon calme pour récupérer l’accès à la mémoire collective, à mon omniscience, et pour retourner en contact avec mon inconscient.

Extrait du premier chapitre du récit de Sarah inclus dans le roman :

L’enfant d’Auschwitz et la barque négrière: Le décryptage de l’existence.

Les preuves que la vie est hors de la matière.

La preuve que la souffrance n’existait pas dans la nature, même à la mort.

Le cosmos, est-il une prison virtuelle ?

 

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© Antoinette FRANCIS, 2018
ISBN : 9 782956 620600